Étiquettes
Dante expliquant la divine Comédie, (1465), Domenico Di Michelino
La Divine Comédie de Dante Alighieri nous montre un Jeu de 3×33 chants qui parcourent les trois arbres alchimiques que sont l’Enfer (Arbre de la Ténèbre), le Purgatoire (Arbre de la Lumière), le Paradis (Arbre de Feu). Le prologue au début de l’Enfer est l’aspect Feu Secret afin d’entrer en matière alchimique, c’est le « Homme connais-toi toi-même », le Sphinx acceptant le désert stérile qui indique néanmoins la Pyramide-Matière avec ses trois matrices. Tout d’abord elles sont vues depuis l’extérieur, ce sont les trois côtés qui sont l’émanation extérieures des trois Chambres intérieures.
Ces trois matrices sont :
– Lilith (Ténèbre, Enfer, Terre Noire)
– Eve (Lumière, Purgatoire, Terre Blanche)
– Sophia (Feu, Paradis, Terre Rouge).
Elles sont de la même signature que l’évocation des trois aspects de la Divine Comédie.
Les 33 chants de chaque arbre sont les 33 vertèbres d’un corps en mutation permanente.
L’Enfer c’est l’Arbre du Mal, le Purgatoire est l’Arbre du Bien, le Paradis est l’Arbre de Vie qui marie Bien et Mal dans une Divine Comédie. En rester seulement à l’Arbre du Bien et du Mal est un divin Drame, seule la Trinité de Feu libère en mouvements profonds. C’est par le jeu du Je que nous ne restons pas figés en Enfer ou au Purgatoire, divins diviseurs de l’âme de Feu.
L’Enfer nous fait découvrir le corbeau (le corps beau), Lilith. Dante s’enfonce à la recherche de lui-même par ses propres moyens, il est la prise de terre, le socle incarné de tout l’avenir du processus. Il accepte de traverser toute la vase des inconscients pour retrouver la terre ferme, la Terre Noire qui est belle.
Lilith, John Collier
Le Purgatoire nous fait découvrir la Colombe, Eve. Des passés célestes des firmaments de l’aura, Virgile s’intègre en Dante sous forme de Connaissance, de Lumière.
Le Paradis nous fait découvrir le Phénix, Sophia. Béatrice fixe au cœur de Dante le mouvement complet de toute la dualité Lumière-Ténèbre.
Le drame de l’être humain c’est de rester prisonnier de la dualité Lumière-Ténèbre, avec la peur viscérale de sa Ténèbre intérieure sacrée au fond de son puits. La « négativiser », rendre « mauvaise » la Ténèbre c’est manquer de compréhension, de Gnose. Rejeter la descente dans l’Œuvre au Noir fait qu’on ne descend pas jusqu’au sol ferme de notre incarnation actuelle et l’on stagne dans les couches vaseuses de l’au-delà. C’est alors la lumière spirituelle refroidie des passés de notre être aural, de notre Virgile extérieur, de notre Lucifer, qui nous abreuve de notions temporelles tronquées et donc non complètement libératrices.
Quand l’être accepte, en Sphinx intérieur, de descendre jusqu’à toucher le sol ferme, le tertre premier, de le toucher avec les pieds, alors les genoux se plient. Nous apprenons à nous plier devant ce que nous sommes dans nos cachettes gardées intactes au-delà de toutes nos croyances et nos peurs accumulées.
Mickaël Parkes
Genoux c’est Je et Nous, accepter l’autre, le différent, le Moi profond en faisant confiance au-delà de ce que l’on imagine. En italien ginocchio (genou) évoque l’œil (occhio), la connaissance de soi. Le Noir le plus noir que le Noir ouvre l’œil intérieur, la Gnose, la Ténèbre se sacralise avec facilité et nous cessons d’avoir peur du stock de nos manques.
Si cela n’est pas, si nous restons dans la vase, peureux devant notre Ténèbre, il ne nous reste que la solution de la Dualité, de la Division, de la divinité qui va nous sortir de là pour aller vers la lumière exclusive de l’aura céleste. Résultat, on ne cesse de se « purger », de fabriquer des Je purs jusqu’à la blancheur, jusqu’à la froideur luciférienne et dogmatique. L’être reste en-deçà de l’Arbre de Vie, l’Arbre de Feu. Il reste dans la Dualité et ne s’intègre pas à la Trinité.
La Divine Comédie de Dante est le parcours alchimique des 3 Œuvres en mouvement libérateur.
Toni CERON, Tarot et Arbres alchimiques, Éditions Col du Feu.